Chapter 10

Elle n'était pas prête, mais je n'avais pas le choix.

La plateforme de minage des Cabals était sur le point d'incendier la terre et de soulever le sol pour obtenir ce qui se trouvait dessous.

Le problème... c'est que ma Gardienne, celle que j'avais cherchée pendant très longtemps, se trouvait sur leur passage : une coquille sans vie qui devait être réveillée avant que sa dépouille ne se fasse atomiser et que je reste, pour l'éternité, sans mon élue.

Je l'avais trouvée quelques secondes avant l'équipe de surveillance de la Légion rouge et c'était... malheureux. Mais je devais faire ce qui m'incombait. Après tout, certains risques valaient la peine. C'était maintenant ou jamais. De plus, ce n'était jamais vraiment le mauvais moment.

Je m'ouvris au don du Voyageur et l'enveloppai dans la Lumière au moment où la plateforme était mise en marche.

Ma nouvelle Gardienne s'assit et lâcha un cri de surprise, se mettant immédiatement à pleurer comme si elle s'éveillait d'un cauchemar.

Mauvaise idée.

L'équipe de sécurité des Cabals nous rejoignit rapidement. Leurs tirs se firent entendre.

Avant de pouvoir prendre une deuxième inspiration, ma Gardienne était morte... une nouvelle fois.

Je fis demi-tour et la frappai d'un autre rayon alors que la plateforme préparait ses brûleurs.

Les Cabals lâchèrent leurs bêtes de guerre sur nous.

Ma Gardienne s'éveilla à mesure que le sol chauffait et que les bêtes de guerre chargeaient. Elle était désorientée et ne savait pas à quoi s'attendre.

« Courez ! Maintenant ! » J'essayai de l'avertir, de la faire bouger. Mais elle regardait autour d'elle, confuse et abasourdie.

Puis elle vit les bêtes. Apparemment, l'instinct est une motivation très puissante. Elle se releva en un éclair et s'éloigna en courant des brûleurs de la plateforme et des mâchoires grinçantes qui étaient sur ses talons. Dès qu'elle fut hors de la plateforme, les Cabals ouvrirent le feu. Et c'est là que le risque se mua en récompense...

Ma Gardienne ne sursauta pas. Elle ne battit pas en retraite. Au lieu de cela, elle se mit en colère et devint agressive.

Cette femme morte depuis longtemps était de retour parmi les vivants depuis quelques instants, et elle était déjà prête pour la guerre. Je me demande si c'est ce qui fait de l'humanité l'arme parfaite, si c'est ce qui en fait une force dont il faut se préoccuper. Ce n'est pas à moi d'en décider. Même si ce qui advint après m'interloqua et me donna plus qu'une simple impression de fierté.

Ma Gardienne chargea le Cabal le plus proche, une créature de guerre qu'elle n'avait jamais vue, une énorme brute à l'armure épaisse.

Elle se baissa et esquiva de gauche à droite pour éviter les balles. Une bête de guerre se jeta sur elle, serrant les mâchoires sur l'avant-bras de ma Gardienne. Elle hurla.

Les Cabals rirent. Les autres bêtes de guerre s'approchèrent.

Puis...

Ma Gardienne, cette femme qui venait à peine de renaître dans la Lumière, attrapa la patte arrière de la bête qui s'agrippait à son bras, la souleva, et retomba de tout son poids sur la colonne de la créature, le genou en avant.

Le son des os brisés et d'un jappement aigu soudain provoqua l'arrêt des autres bêtes, et les Cabals cessèrent de rire.

Elle reprit sa charge, sans hésiter. Le corps mou de la bête était toujours accroché à son bras. Elle l'arracha. Je pus entendre sa peau se déchirer, mais elle ne s'en préoccupa pas. Au lieu de cela, elle se rapprocha du Cabal en courant, tenant le corps de la bête de son bras valide.

Le Cabal leva son arme, mais il était trop tard. Les autres bêtes chargèrent alors que ma Gardienne rouait de coups le Légionnaire avec le cadavre de son animal. Ce fut brutal et rapide.

Je l'avertis du saut des autres bêtes, mais cela n'avait aucune importance. Elle avait déjà l'arme du Cabal dans les mains. Ce qui se passa ensuite... je répugne à le raconter dans les détails.

Elle était nouvelle, éveillée dans un mode à la violence soudaine et brutale.

Tout ce que je dirai c'est que je suis ici, que ma Gardienne est près de moi, et que quelque part au cœur de la ZME, le sol est encore rougi par le sang des Cabals.

– Tam, un Spectre racontant la résurrection de sa Gardienne