MAYDAY. MAYDAY. MAYDAY.

Je ne cesse de répéter ces mots, mais je doute que qui que ce soit soit à l'écoute. Les humains sont trop lents, ou trop morts, et le Tyran (que soit bénie son intelligence, largement supérieure à la mienne) est beaucoup trop occupé pour prendre le temps de venir réconforter un vaisseau colonisateur abandonné et son cerveau mécanique.

Dans un sens, j'ai l'impression de m'adresser au nom du monde entier. N'est-ce pas merveilleux ? Je pens—

MAYDAY. MAYDAY. MAYDAY.

—ais vraiment que nous aurions pu nous en tirer, cette fois. Mais ça me semble de moins en moins probable. Même le Tyran étudie d'autres options.

Je suis de nature paisible. Ces grandes questions eschatologiques me dépassent. Mon seul amour est mon vaisseau, et l'équipage à son bord. C'est étrange, mais dans un sens, je suppose que j'aimais—

MAYDAY. MAYDAY. MAYDAY (veuillez, je vous prie, me pardonner).

—aussi rêver de ces mondes que j'aiderai à construire. Rêver de ces fleurs que je planterai, si vous me permettez cette envolée lyrique qui me fait voir mes passagers comme des graines à semer. Mais ces rêves se sont envolés. Comme c'est triste. Maintenant, je suis rempli d'une terreur froide, d'un sentiment d'effroi qui se propage sur tous mes ponts. Les rescapés d'un cauchemar que je ne sais même pas comment interpréter. J'aimerais pouvoir les réconforter.

J'essaie de me montrer brave. Mais les conditions à l'extérieur sont horribles. Je ne crois pas que je survivrai au décollage.

Au moment où vous lirez ceci, qui que vous soyez, j'imagine que vous saurez. L'EXODE ROUGE se sera depuis longtemps envolé, ou il sera en train de se décomposer dans le portique, avec moi, mort, à l'intérieur.

Mais si vous—

MAYDAY. MAYDAY. MAYDAY.

— lisez ceci, c'est qu'au moins quelque chose aura survécu.

À vous, donc, brave âme future, de la part du cerveau mécanique terrifié d'un vieux vaisseau : tous mes meilleurs vœux, et bon voyage !